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David Léger / sculpteur

 

 

 

 

 

D’après Anaxagore, l’Homme pense parce qu’il a une main. « Je n’avais pas encore conscience que c’est par les mains que passent les sensations et donc une meilleure compréhension du monde ; quand à 16 ans on m’a donné un marteau et un ciseau pour aller casser du caillou.

 

Quand je sculpte je me sens vivant au-delà des mots et des silences, en complète harmonie avec la biodiversité de notre planète. Au figuratif je préfère l’abstrait qui suscite en moi des émotions si intenses qu’à chaque création c’est une partie de mon intimité qui s’arrache. Soudainement tout me parait limpide, évidement logique presque facile comme si chaque pièce dérobée à mon intimité s’organisait en un tangram pour donner sens à ma créativité.

 

J’aime le marbre, j’aime le travailler. Il diffuse en moi une énergie sereine, m’encourageant à me dépasser, m’incitant à me renouveler tout en m’obligeant à rester humble. Quoique robuste, il surprend par la délicatesse de son veinage, l’élégance de son polissage mais aussi par la richesse de ses couleurs (en particulier le blanc de Carrare) réinventant à l’infini les jeux d’ombre et de lumière. Dans mes sculptures je recherche la vitalité dans le mouvement, la fluidité des formes, souvent rondes et sensuelles ainsi que la douceur des lignes, invitant à la caresse et à l’apaisement. J’aimerais qu’elles éveillent et intriguent celui qui regarde avec le cœur, tout en gardant une part de mystère. Pourtant elles continuent à me surprendre, il y a tant de mon âme en elles que j’apprends sur moi : mon enracinement vital dans cette nature organique ainsi que mon besoin d’ancrage dans le temps, dans mon histoire.

 

Mes influences sont éclectiques tant au niveau des rencontres que des cultures et ont formé un substrat fertile. Toutefois artistiquement, outre les grands Maîtres comme Le Bernin ou Canova, je suis sensible aux œuvres de Brancusi (équilibre, finesse, élégance de ses oiseaux), de Giacometti (les silhouettes filiformes torturées entre pesanteur et élan vital) ou encore de Jean Arp (pour l’harmonie des formes). De même j’aime le travail de certains artistes appartenant aux mouvements du Land Art ou de l’Arte Povera avec Giuseppe Penone.

 

Toutefois je ne me reconnais pas dans cette tendance de la sculpture monumentale qui tend à sacrifier le processus créatif, le geste, la main de l’artiste, au profit d’une réalisation robotisée, une sorte de mouvement-photocopieuse-conceptuel. J’aime mon métier parce que les réalisations que je crée par mes propre mains donnent du sens à ma vie et renforce ma conviction de transmettre mon savoir-faire aux plus jeunes ».

 

 

 

 

 

Texte : Isabelle Diacre (2606 signes espaces compris)

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